Alexis Tsipras, leader de la gauche radicale, vient de remporter haut la main, à un cheveu de la majorité absolue, les élections législatives grecques. Dirigeant de Tsiriza, le parti anti-austérité, il compte bien renvoyer dans leur foyer européen les membres de la Troïka qui imposait à la Grèce depuis plus de cinq années une politique de rigueur drastique, à la hauteur de la gabegie dont le gouvernement grec s’était rendu coupable. Seulement voilà, il y a les urnes.
Les Grecs, saignés à blanc, au bord du précipice après des années de sacrifice, ont dit stop, prêts à prendre des vessies pour des lanternes et à sauter sur l’opportunité du premier Mélenchonos venu. La cigale grecque vient de faire une jolie patte d’honneur à la fourmi allemande. Le pâtre grec n’a pas fini de chanter et impose aux autres pays européen de prendre la menace d’un non-remboursement de la dette grecque avec ce brin de philosophie dont ils sont les inventeurs.
La flammèche vacillante des parties d’extrême gauche était sur le point de s’éteindre en Europe. La voilà raviver par un doux vent d’espoir venu du Sud, un Grand soir proposé par un peuple grec exsangue dont ils espèrent faire leur commerce de demain.
D’un côté la décrépitude des partis de gouvernement qui ont conduit depuis plus de 30 ans notre pays dans une lente agonie, une sorte de combustion lente qui va d’un pas de sénateur vers une faillite assumée, un laps de temps oubliée par le sursaut d’un peuple qui s’est reconnu en Charlie.
D’un autre côté une vague bleue marine qui monte et jaillit, dans un grondement de découragement absolu du fond de cette France abandonnée et déboussolée prête à se jeter sur le bas côté d’une société d’extrême droite, dans l’ignorance aveugle des ravages que cela provoquera.
Et depuis aujourd’hui, sur fond de Sirtaki et de baliverne, une gauche extrême qui va tout faire pour promettre des jours meilleurs à des français déconnectés, une croissance retrouvée sous les sabots d’un âne grec, des subventions comme s’il en pleuvait, des nationalisations salvatrices, bref toute la panoplie éculée du petit révolutionnaire 2.0
Nous voilà bien parti pour vivre des années folles, telle une bille de flipper dégringolant de son sommet vers une pente dangereuse, menacée de disparaître dans l’orifice central qui sonnera la fin de la partie, espérant stupidement être renvoyée vers les sommets par le batteur du flippeur en se jetant sur les lumières criardes d’un discours électrisé par un populisme éhonté.
Je prends volontairement la métaphore du Flipper qui se définit comme un jeu d’arcade à monnayeur car j’ai vraiment le sentiment que l’Europe vient d’entrer ce matin, avec les désespoir de ses créanciers flippés par la volte-face d’un peuple, dans un véritable jeu d’arcanes à faux monnayeurs. L’avenir nous le dira…La gauche tarama est désormais à la manœuvre…
Le vote des Grecs était prévisible et logique. Ils ont manifesté dans l’urne leur ras-le-bol d’une Europe financière et technocratique en signifiant à ses élites qu’ils allaient mettre un terme à la saignée et à l’humiliation. Ils ont signifié au reste du monde et à leurs créanciers qu’ils arrêtaient de payer et de subir pour l’irresponsabilité et l’incurie de leurs ex-dirigeants, après une cure d’austérité impensable imposée par ces mêmes élites, à laquelle ils ont décidé de renoncer.
C’est décidé, inspiré par ce vent hellénique et regonflé d’espoir par cette banqueroute éolienne et démocratique, je vais de ce pas appeler le CIC et informer ma banquière qu’elle peut s’asseoir durablement sur mon découvert et mes échéances de remboursement.
Terminée les ronds de jambes et l’agiographie bancaire.
Au diable les promesses fabuleuses qui fourmillent :
« Je vous paierai, lui dit-elle, Avant l'août (2), foi d'animal, Intérêt et principal. … Et bien je chante maintenant ! »
Ce matin, je l’informe que je remets mes remboursements aux calendes grecques et qu’avec ma gueule de métèque, de juif errant, de pâtre grec elle peut aller se faire voir.
J’espère juste que ce discours extrêmement gauche de ma part, j’en conviens, saura la convaincre, lui faire sentir ma détermination révolutionnaire, et qu’elle continuera malgré tout à venir diner à la maison avec le même engouement qu’éprouve un créancier luxembourgeoisé lorsqu’il va bronzer son espoir de solvabilité sur les plages recuites de soleil et dégraissée de Patmos ou de Mykonos.
Ce matin Syriza va rappeler au monde financier et aux bureaucrates européen le véritable sens de Sodome et Gomorrhe, qui n’avaient rien de grec si ce n’est l’effet qu’elle leur fait en passant...
Je souris à cette ironie que propose cette langue que j’aime tant et qui a si joliment puisé dans le grec ancien, auquel nous avons emprunté (c’est le dictionnaire qui le dit et qui prouve que les choses peuvent s’inverser) le mot Hellênikos, signifiant Hellénique.
C’est sûr, depuis ce matin, la Grèce à l’égard de ses financiers avides, « Elle les nique ! » C’était écrit…
Quant à moi, je dois vous laisser pour informer ma banquière préférée que je la remercie chaleureusement de sa générosité quelque peu forcée, puisque je viens d’inventer le prêt-donneur !
C’est la moindre des choses que je lui fasse part de ma gratitude pour ce don si désintéressé, décapité dirait Mélenchon alors qu’il n’est que… décapitalisé.