Je viens d'achever le recueil intelligent, facétieux et souvent touchant intitulé "Je regarde passer les chauves" de Sandrine Senes. Cela fait longtemps que je n'avais pas éprouvé un tel plaisir de lecture. Je referme le livre. Je me sens un peu orphelin, un poil triste. La fête est finie.
Ces histoires sont derrière moi. Il ne reste que le calme blanc et lumineux de ce dimanche matin. Moi qui lézarde seul dans mon trop grand lit, sans possibilité de partager et de relire, à voix haute, les petits trésors contenus dans certaines pages cornées.
Ce lit devenu un radeau agité par les flots du désœuvrement dominical. Dehors, le ciel était d'un bleu intense mais pâlit comme mon humeur qui ne sait pas sur quel pied danser après avoir épuiser cette petite pépite littéraire, pleine d'humanité et de talent...
Alors, comme pour contrer le sort, pour revenir en arrière comme le font parfois les personnages de dessins animés quand ils courent plus loin que la falaise et se mettent à courir à l'envers pour ne pas tomber dans le vide, Je rouvre le petit livre blanc.
Je relis les remerciements de l'auteure à la fin de l'ouvrage. Et avec un brin de nostalgie, pour ne pas achever le plaisir, je me surprends aussi à lire la liste des livres déjà parus au Editions Quadrature.
C'est toujours un exercice d'équilibriste et un condensé de poésie que de choisir un titre. Certains illustrent toute l'œuvre dont ils sont la proue : "Nous étions tous dans ce train", "Les hommes à lunettes n'aiment pas se battre", "Une heure dans un supermarché", "Les maisons aussi ont leur jardin secret", ou encore ce dernier "Les vrais héros ne portent pas de slip rouge".
D'autres titres, plus poétiques ou mystérieux s'échinent à résumer l'essence même de l'existence de l'écrivain. Une poignée de mots qui laisse entrevoir l'âme et un point de vue sur une vie vécue avec un excès de sensibilité. "Le manège des amertumes", "Et je fais quoi, moi, maintenant?", "La vie en crue.", "Détecteur de mes songes" ou "À l'ombre de la fête" et cette formule claquante comme un fouet "Toute humanité mise à part" que j'avais mal lue et que je viens d'écrire avant de corriger: toute L'humanité mise à part!
Je préfère mon titre, mais le corrige par respect pour l'auteur et souci d'exactitude.
Voilà, maintenant que je sais même que cette petite merveille a été achevée d'imprimer sur les presse de l'imprimerie Ciaco à Louvain-la-Neuve le 10 novembre 2016 et dont la lecture a été achevée à l'instant même par un homme au cœur battant et au sourire en bandoulière au 104 rue de l'université, où finalement rien ne presse, que vais-je faire? Que fabriquer de tout ce temps dominical, de cette solitude momentanée après une telle rame de mots sautillants et émouvants?
C'est à cet instant, au bord du précipice d'un plumard parisien, que je prends conscience, en voyant l'adresse internet des Editions Quadrature (c'est dire si j'ai tout lu et si mon agenda survolté fait soudainement relâche...), qu'il s'agit d'une petite maison d'édition située en Belgique et spécialisée dans la publication exclusive de Nouvelles.
Moi qui passe désormais un tiers de mon temps par amour dans ce plat pays, je me dis que la vie est belge et la mienne, magnifiquement remplie de signes prometteurs d'avenir, dans ce plat pays qui met si joliment les gens en relief.
Bon dimanche!
Voici un extrait, pour vous donner envie:
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