Trois compères luttent sans merci à ma table pour m’apporter à leur manière un surcroît de légèreté et d’inspiration.
A ma gauche, un verre de Brouilly éclatant qui charrie jusque dans mon palais toute la fraîcheur de la Loire.
A ma droite, un cigare Hoyo de Monterey en module spécial baptisé Le Hoyo qui se consume avec la ferveur d’une cubaine aguicheuse.
En face de moi, Christian Bobin qui a chargé son livre « Les ruines du ciel » d’une ogive de mots nucléaires qui pourrait décimer tous les amoureux de la poésie et de l’existence.
Après avoir soupesé les volutes de fumée, avoir soufflé dans le ballon et m’être écharpé le cœur à la lecture de ces pages, je rends mon verdict.
Bobin, une fois de plus, gagne à plate couture.
Je me lève, paie l’addition, et m’enfuis en laissant derrière moi quelques tessons de vers qui frisent l’inégalable :
« Tous nos spectacles se jouent sur une tombe. »
« Parfois quelqu’un vous donne à manger en une seconde pour votre vie entière. »
« Si nous avions le dixième de l’attention qu’a le chat pour le vol de la mouche – le monde serait sauvé. »
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