Quatre jolies dames de haute noblesse, prient à genou sur le parquet de mon appartement.
D'un âge mur qui ne se laisse plus surprendre par les choses superflues, elles épousent la lumière de ce printemps bien tardif.
Je les entends murmurer, en se tenant par la main de leur tige serrée, les vœux pieux qu'elles font pour que jamais l'élégance ne les quitte.
Elles savent, comme moi, que leur fin est proche et qu'il ne reste de leur destin flamboyant que quelques jours de sursis, avant que leur aristocratie se noie pour devenir des reliques, de souvenirs de vieux lys desséchés.
Mais de cela nous ne parlerons pas et je préfère leur promettre que chaque jour, au petit matin, à l'heure où la cour de l'immeuble devient une garnison de sopranos, s'éveillant sous le chant insouciant des oiseaux, je viendrai les visiter.
Elles semblent soulager et séduites par cette initiative spontanée. L'une se ventile alors avec l'éventail en dentelle de ses longs pétales.
Je leur promets sur ce que j'ai de plus cher que je les prendrai par le vase et les porterai sur le bord de la fenêtre pour qu'elles puissent s'ébrouer, en leurs jours finissants, dans une pluie de lumière et de florale insouciance.
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