Je flique les flaques qui se dessinent sur la chaise ébène.
Motifs imaginaires constituant les pièces fluides d'un puzzle abstrait.
Cartographie imaginée de pays inondés aux frontières métalliques.
Les parisiens aux rêves consuméristes s'agglutinent sous les haut-vents des terrasses et sous les porches. Dans leur élan d'emplettes empêchées, ils ne remarquent pas l'art contemporain qu'un artiste céleste dessine sur les chaises des cafés de luxe, en jetant ses pinceaux orageux sur leur samedi contrarié.
En cette saison, quand Paris accueille d'ordinaire le ciel bleu et des cavaleries de nuages, il est toujours amusant d'y voir des formes fantasmagoriques, des personnages dissimulés ou des animaux éthérés.
Mais aujourd'hui, point de soleil. Juin est renfrogné. Le beau temps aux abonnés absents. La pluie capricieuse et tenace.
Soudain, en oubliant mes semblables à la mine triste et frustrée, pas assez riches pour s'acheter un rayon du soleil, et pas assez heureux pour peindre leur âme en bleu, j'observe les dessins que l'eau laisse éclabousser sur la chaise.
Au milieu de la multitude, je découvre des cavaleries de nuages devenus lacs, étangs et océans minuscules. Parfaites répliques des nuages jouant à cache-cash dans le gris du ciel.
Quand il est inutile de lever le nez, il vaut mieux baisser le regard pour découvrir les miettes de messages divins qu'un monde parallèle dessine en hiéroglyphes sur nos meubles, à destinations de ces humains si prosaïques...
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