En vieillissant, notre ombre s'allonge et devient plus pesante.
Certaines vieilles personnes se courbent pour la tirer comme un laboureur dans la glaise d'une vie.
Notre ombre se sépare de nous, s'amplifie et prédomine alors qu'elle progresse vers le soir.
L'ombre est une malle, plate et volage, dans laquelle on dépose sans le savoir ce qui fut notre espoir, les souvenirs de tous ceux que nous croisâmes, nos rêves infertiles, nos colères inassouvies, les mots d'amour tus, les amitiés avortées, les terres à conquérir et toutes les choses qui nous reste à sauver mais que l'on remet à plus tard, que l'on réserve à une autre vie.
Je rêve d'un pays sans ombre. Où tous les arbres n'auront qu'à accueillir le chant présent des oiseaux, où les vieillards joueront à nouveau dans la pleine lumière de l'enfance, où chacun sera comme les nuages, libre et vaporeux, comme une consigne ouverte dans laquelle on peut déposer son trop plein de bonheur.
Et si cette consigne était l’écrin de nos pépites intérieures ? Et si l’ouvrir pour de vrai revenait à faire toute la lumière sur notre ombre, révélant ainsi notre soi le plus intime ? Surtout ne pas garder l’ombre pour après, mais y plonger cœur et âme pour donner une autre chair à notre vie, ici & maintenant. Notre lumière intérieure ne brille que parce qu’elle côtoie la profondeur d’une ombre qui n’est autre que notre propre phare dans la nuit des temps...
Rédigé par : Béatrice Socco | 10/05/2016 à 13:24