Dans une heure, je traverserai la Capitale avec mon imposante et fougueuse moto, pour déposer mon fils rue de Varenne, pour une nouvelle journée d’école.
Une fois de plus, je me tairai et continuerai de me rassurer que c’est ce qu’il lui faut. Comme si je le vaccinais, persuadé par la rumeur, de le prémunir du virus du chômage ou de la peur du lendemain.
Je ne peux lui avouer, en me l’avouant à moi-même, que je lui fais perdre des milliers d’heures dans un lieu vénérable qui lui enseigne un monde déjà englouti.
Ne serait-il pas mieux à apprendre les Sciences de la Vie et de la Terre – quel présomptueuse appellation – au milieu d’un pré à compter les coquelicots ou à apprivoiser les abeilles ?
Ne serait-il pas mieux aux milieux des hommes passionnés par leur combats et leurs rêves, pour lui apprendre que les premières fusées furent lancées par du carburant d’envie et des rampes de lancement sur lesquelles des fous géniaux avaient accroché des rêves enfantins ?
N’ai-je pas ma part de complicité, dans ce génocide qui consiste à éloigner nos enfants des lendemains qui chantent et à leur faire croire que la Terre, dès à présent, tournera mieux parce que nous sommes aux affaires ?
Que serait le monde si nous nommions des enfants aux conseils d’administration de nos entreprises et aux gouvernements de nos vieilles nations, et si nous nous contentions d’accomplir, sur ordre, décrets et ordonnances, les joyeuses décisions que leurs esprits libres et créatifs nous contraindraient de faire sans délai ?
Le monde s’en porterait-ils plus mal qu’aujourd’hui avec ces ramassis d’adultes responsables et pétrifiés qui s’emberlificotent depuis des lustres dans l’illusoire impossibilité de faire ?
L’enfant poète-citoyen qui sommeille en moi, n’en ai pas tout à fait sûr…
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