Un bouquet de marguerites blanches en discussion avec deux lys défraîchis qui leur donnent des conseils, tel de vieux don Quichotte dégingandés, sur la meilleure manière de goûter la lumière et de finir leurs jours. La joyeuse bande, toute accaparée à sa jeunesse frivole, les écoute d'un pétale discret et pouffe d'un rire insouciant.
On dirait une horde de paysans butés et moqueurs qui ne manquerait pourtant pas de cette noblesse surannée, de ce charme bucolique que l'on voit de la fenêtre d'un TGV quand on traverse nos campagnes. Un troupeau de fleurs champêtres avachies à l'ombre d'un chêne, et dans le lointain la ruine dominante d'un château plus très fort.
Je quitte le champ de la contemplation dans lequel je m'étais un instant assoupi pour reprendre ma place dans le train-train à grande vitesse de ma vie citadine. Mais je garde au fond des yeux, pour cette journée de labeur, la folle charge contre de moulins-marguerites impossibles à convaincre de deux lys conquistador qui ploient sous le poids de leur gloire engloutie.
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