La pluie qui tombe ce soir sur les hautes cimes des peupliers
Joue des claquettes sur les feuilles guillerettes des arbres assoiffés.
C’est une pluie joviale et facétieuse, exaucée en ces jours de canicule.
Enduisant les toits d’un vernis luisant, parsemant ses rivières de diamants,
Infinies constellations de gouttes d’argent sur la vitre de nos maisons
Elle dévale les rues, sans retenue, par les caniveaux impuissants.
Lave nos chaussées ruisselantes des mendiants suppliants et des passants hâtifs.
Les garçons de cafés, à l’abri de leurs stores transformés en cataractes désopilantes
S’empressent de débarrasser les tables abandonnées par des touristes en fuite.
La pluie, rafraichissante et obstinée, douche la Capitale
Nettoie la ville des lamentations de ses habitants abrutis de chaleur
Redonne l’espoir d’une nuit nouvelle où tout est désormais possible.
La pluie a le sens de l’humour.
Elle rigole après avoir ruisselé le long des façades grises.
Elle déborde d’humour les plaques des goûts rassasiés,
Les rivières en crue n’en croient pas leurs berges immergées
Elles sortent de leur lit en charriant de hauts débits de poissons, ascendant verse eau.
Une fois le calme revenu, l’orage disparu vers l’Est lointain,
La pluie devenue rivière se gondole et coule vers des jours heureux
Tout en continuant de se bidonner dans des citernes et réservoirs
Que les hommes ont bâtis pour entendre longtemps ses grands éclats de rire.
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