Trois petites sœurs, tirant parti d’un zénith ensoleillé,
S’étaient mises sur leur trente-et-un et attendaient fébrilement l’improbable jardinier.
Toutes fières d’avoir passé leur bac en plastique, triplement adolescentes, elles ondulaient, pimpantes et joyeuses, au centre de leur jardinière.
Alors que je me penchai vers la fenêtre pour les saluer, je les vis piquer un fard et jouer les enjôleuses derrière l’éventail de leurs cils fuchsia.
Elles qui n’étaient que d’infimes boutons roses dans la lumière de l’aube, les voilà écarquillées, pleine d’assurance et de pétulance, à l’heure de déjeuner.
Les trois frangines, confiantes et provocantes, doucement courtisée par un rayon de soleil, piaffent d’impatience de s’entendre siffler par d’impertinents admirateurs.
Audacieuses jusqu’à l’excès, elles font mine de ne pas me voir, mais s’aguichent d’un désir juvénile.
Trio de beautés des bacs à fleur, aussi attendrissant qu’une triade de durs des bacs à sable, je les laisse à leur jeu séducteur et à leurs espoirs de Lolita.
…
Toute la journée me tarauda cette question sans importance : réveil printanier ou éclosion de libido…?
Quatre jours plus tard, je me demande où elle puisent leur langoureuse et colorée impertinence. Je viens de découvrir que celles que je prenais pour les membres de la divine trinité n’étaient en fait qu’une horde de fées maléfiques. On les appelle les « griffes de sorcière ». Je comprends mieux mon ensorcellement !
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