Plutôt que BFM ou France Inter, à qui je délègue ordinairement le loisir de m’inonder d’informations, ce matin je me contenterai du chant d’un pigeon roucoulant le procès verbal de ses désirs de conquête, par l’entrebâillement de ma fenêtre.
Comme d’habitude, le monde doit être à feu et à sang, perdu entre des conservatismes craquelant face à une modernité désormais planétaire et des promesses de prospérité qui laissent des millions d’êtres humains sur le bas côté d’un monde en bouleversement.
Je regarde le poste de radio sur la table basse que je condamne à un parfait silence.
Au dehors, dans un début de matinée pleine d’espérance, un Pavarotti à plume, camelot et enthousiaste, vante ses mérites à gorge déployée et promet des jours sans tourment, en prenant la cour de l’immeuble pour une cathédrale philarmonique.
Je me penche à la fenêtre pour voir d’où provient cette roucoulade.
En contrebas, dans la cour, une femelle au décolleté pigeonnant fait les cent pas sur le muret avec la langueur d’une péripatéticienne qui en a vu d’autres. Autour d’elle, la harcelant de ses rodomontades, un colombin lui fait l’article avec la démarche oscillante et quelque peu ridicule d’un Aldo Machione dans le film désormais culte de Claude Lelouch « l’aventure c’est l’aventure ». La classe !
Ce spectacle désopilant et la teneur de cette conversation de quartier me suffiront à savoir que le monde tourne toujours rond malgré le désir de quelques uns d’inféoder la plupart des autres à leurs projets immédiats et purement égoïste. Les uns proposent, les unes disent « pause ! »…
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