Google, en ayant racheté ou embauché en moins de 5 ans plus d'un tiers des sociétés et des experts mondiaux en Intelligence Artificielle, façonne à lui seul des rêves et un monde qui jusqu'à présent était esquissé dans les meilleurs films de science-fiction... On pense à Total Recall, Real Humans, Terminator, 2001 Odyssée de l'Espace et des dizaines d'autres films...
lire l'article: Could AI be closer than we think? (http://www.dailymail.co.uk/sciencetech/article-2741526/Google-starts-quantum-computing-research-project.html)
Cette annonce des plus sérieuses, où l'on imagine à brève échéance des machines connectées entre elles qui penseront comme des humains, voire plus vite et de manière autonome, marque l'ouverture définitive de la boîte de Pandore. C'est en ombre portée, l'avènement d'un monde inquiétant et inconnu où l'humanité ne pourra avoir été qu'une rampe de lancement pour des générations de machines hyper-intelligentes qui dépasseront vite les capacités et les moyens d'action des pauvres hommes que nous sommes. Nos descendants constateront, pantois et impuissants, que nous avons créé l'instrument délétère de leur probable asservissement. Loin de la planète des singes nous risquons surtout d'inventer et de promouvoir la planète des machines.
A la fin de l’article, les commentaires d'Elon Musk, créateur de Tesla, à qui l'on peut au moins reconnaître les qualités émérites de visionnaire et d'entrepreneur courageux, ne disent pas autre chose et sont un coup de projecteur dans l'obscurité de cet avenir incertain. Stephen Hawkins, scientifique de renom, estime de son côté que l'Intelligence Artificielle, est sans doute l'un des plus grands dangers que l'humanité ait à affronter dans toute son histoire.
Nous construisons un monde hyper technologique, qui se développe entre espoir et crainte, à la vitesse supersonique, bien plus vite que notre capacité limitée et collective à penser ce monde, à anticiper ses conséquences. La confluence accélérée entre les bio-technologies, la robotique, l'intelligence artificielle et les technologies de l'information va engendrer d'incroyables découvertes, de très bénéfiques innovations et apporter de lumineux progrès aux hommes de demain dans leur manière de vivre et d'exploiter les ressources rares de la planète. Toutefois, cette fusion de quatre domaines d'avenir va nous projeter dans un monde au développement exponentiel où l'adaptation au changement, la capacité à réfléchir, à prendre le recul pour décider, où le loisir de « donner du temps au temps », la liberté individuelle, et la prédominance de l'humain sont des notions qui vont être extrêmement malmenées et qui constitueront un luxe inaccessible pour des centaines de millions d'êtres humains.
De marionnettiste de génie, l'homme risque d'endosser le rôle de pantin et de devoir jouer la scène de son asservissement dans un théâtre technologique dirigé par des machines extrêmement intelligentes. C'est alors que l'humanité sera mise en pièce...
Google, loin de ses activités de moteur de recherche, est sans doute la société qui est le plus capable d’imaginer le futur et de l’influencer. En plus de s’être inféodé, directement ou indirectement, un tiers des scientifiques dans le monde en Intelligence Artificielle, le géant de Mountain View a fait une véritable razzia dans la robotique en faisant l’acquisition de huit sociétés mondiales dans ce domaine, en à peine quelques mois.
Les observateurs les plus attentifs et certains experts mondiaux sont assez pessimistes sur la capacité des hommes à comprendre et à réagir face aux enjeux du réchauffement climatique, aux dangers qui nous guettent en terme de pollution, d’épuisement des ressources, de raréfaction de l’eau et de grands cataclysmes climatiques.
On peut effectivement être légitimement inquiets sur l’avenir de nos lointains descendants quand on considère les soubresauts de la géopolitique mondiale, de la multiplication des crises qui annoncent autant des forces de résistance extrême, muées par une nostalgie envers une époque et une civilisation appelées à disparaître, ou pour le moins à se réinventer de fond en comble.
Pour des centaines de millions de personnes, malmenées par la vie, enferrées par les chaînes de la pauvreté et de l’ignorance, il est plus réconfortant de continuer de vivre dans le monde d’avant, plus lent et plus lisible, que de se jeter de manière effrénée dans un chaos obscur et dans un futur qui ne cesse de s’accélérer.
Les hommes ont passé un seuil qui interdit tout retour en arrière.
Depuis Noé, l’humanité porte en elle et dans les histoires qu’elle se raconte, les germes de son anéantissement potentiel. Les dégâts irréparables que nous faisons subir à l’Arche qui nous accueille et que nous appelons la Terre, les travers de notre nature humaine qui se rêve l’égale des Dieux mais se comporte comme des diables polissons et irresponsables, et l’ingéniosité inouïe des hommes pour créer ce qu’il y a de meilleur dans la technologie et, dans le même temps, s’en servir pour dévoyer l’espérance du bien vers la sombre réalité du mal ne devraient pas nous pousser à un excès d’optimisme.
L’humanité pessimiste et cynique qui entrevoie les risques d’une destruction de l’espèce sera peut-être surprise par un possible salut et l’avènement d’une solution qui passera par la domestication des hommes par des robots dotés d’intelligence artificielle. Il n’est pas illusoire de pronostiquer l’évolution vers un monde difficile et contraint, dangereux et fragile, où l’homme devra subir plutôt que maîtriser et où la planète malmenée depuis des décennies avides, meurtries de surexploitation montrera ses vraies limites.
On peut aussi, en prolongement de ce scenario catastrophe, imaginer qu’un jour l’humanité puisse être sauvée par des machines supra responsables et capables de prendre l’ascendant sur ces hommes, enfants gâtés aveugles, bipèdes égoïstes et cupides, qui auront eu tout le loisir de prouver ce qu’ils valent et ce dont ils sont capables. D’inventer de lumineuses statues de Bouddha et les talibans qui les déboulonneront, de créer les concertos de Bach et d’engendrer Fukushima, d’esquisser le sublime pour l’avilir dans le meurtre. Alors, les machines intelligentes prendront le pouvoir, les robots responsables placeront les humains en résidence surveillée, leur dicteront leurs lois et nous contraindront avec leur camisole technologique à un monde sans liberté et sans responsabilité, comme l’on interne aujourd’hui des êtres devenus fous…
L’une des devises fondatrices de Google est « Don’t be evil », en d’autres termes « Ne soyons pas malfaisants »… Pourvu que ça dure !
Maintenant laissez-moi vous rappeler l’histoire de Pandore qui met particulièrement en lumière ce dont il est question :
« Dans la mythologie grecque, Prométhée vola le feu aux Dieux pour le donner aux hommes. Pour se venger, Zeus ordonna à Vulcain de créer une femme faite de terre et d’eau. Elle reçut des Dieux de nombreux dons : beauté, flatterie, amabilité, adresse, grâce, intelligence, mais aussi l’art de la tromperie et de la séduction. Ils lui donnèrent le nom de Pandore, qui en grec signifie "doté de tous les dons". Elle fut ensuite envoyée chez Prométhée. Epiméthée, le frère de celui-ci, se laissa séduire et finit par l’épouser. Le jour de leur mariage, on remit à Pandore une jarre dans laquelle se trouvaient tous les maux de l’humanité. On lui interdit de l’ouvrir. Par curiosité, elle ne respecta pas la condition et tous les maux s’évadèrent pour se répandre sur la Terre. Seul l’espérance resta au fond du récipient, ne permettant donc même pas aux hommes de supporter les malheurs qui s’abattaient sur eux. C’est à partir de ce mythe qu’est née l’expression "boîte de Pandore", qui symbolise la cause d’une catastrophe. »