Tout ce temps que nous passons sur Terre à nous oublier et à délaisser l’autre.
Pantins désopilants qui nous voyons marionnettistes, croyant tirer les fils de notre propre existence, dans un théâtre éphémère où les jours s’égrainent et disparaissent trop vite vers les coulisses de l’oubli.
Astiquant avec mélancolie notre passé plombé de regrets et de rêves avortés pour certains.
Dessinant un avenir échafaudé de projets lumineux pour d’autres.
Nous avançons en grande majorité, tel un peuple de zombies noyés dans le flot de nos pensées caduques ou de nos projections imaginaires, les yeux tournés vers le dedans.
Les hommes, pour l’essentiel, avancent dans ce monde en ne regardant que le hangar intérieur de leur propre vie fait de portes refermées et de couloirs à venir dont ils n’ont pas la clé.
Les rares qui ont la sagesse ou la simplicité d’esprit de s’ancrer dans le présent immédiat, d’observer avec naïveté et clairvoyance le spectacle incessant du monde extérieur, qui se nourrissent de la magie d’une feuille qui passe devant la fenêtre en faisant du parapente, qui écoute le chant du vent et qui contemple le tableau abstrait que trace le soleil de son pinceau de lumière sur un carré de bitume, ceux-là savent thésauriser leur part de bonheur, hypothéquer leur parcelle de paradis sur terre.
Ils sont si peu nombreux. En êtes-vous ?
La contemplation du présent absolu rend à l’autre et à soi-même les trésors que la vie s’est amusée, à notre insu, à cacher au plus profond de nous.
Les conditions du bonheur sont à notre portée pour la simple raison que nous les transportons, elles sont en nous. Elles s’écrivent avec le stylo d’une main tendue, se dessinent avec le feutre d’un sourire, et se sculptent pour la vie avec le burin d’un don sans retour.
C’est en allant vers l’autre que l’on se trouve soi-même. Dans l’instant le plus fragile et évanescent. L’instant donné à l’autre est le présent que l’on reçoit.
Le passé est un musée poussiéreux dont nous sommes l’unique gardien. Certains s’y sont enfermés pour toujours. Sans jamais aucun visiteur.
L’avenir est le champs prometteur où tout est possible mais où rien n’arrive comme prévu, un voyage à Colin-maillard où l’on espère pouvoir trouver l’autre mais où l’on craint de ne pas être touché par la grâce ou la chance.
Le présent est le seul remède à la fuite et aux chimères. Il est le chas dans lequel défile le fil du temps qui tisse les véritables liens avec les autres.
A trop vivre dans l’avenir, suspendu à des filaments de projets en devenir, on risque de poireauter au coin de la rue des grandes illusions.
Quand on vit au temps présent, les deux pieds bien plantés dans la réalité du monde comme des compas arpentant la chaussée des géants, le bonheur arrive toujours de bonne heure.
Bonne journée, bon présent.
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