Je suis actuellement en train de lire un livre écrit par Jean-Marc Daniel, historien-économiste qui livre 8 leçons d’histoire économique. C’est assez passionnant. On voyage dans le temps, remontant aux grecs anciens qui s’y connaissaient visiblement plus en finance que leurs lointains et malheureux descendants de l’époque contemporaine. On rencontre les romains qui n’étaient pas si fous et l’on découvre la société divisée en trois ordres : les oratores, les bellatores et les laboratores, c’est-à-dire ceux qui prient, ceux qui font la guerre et ceux qui produisent. On y croise Machiavel qui dispense ses conseils sur l’avarice, pour qui les bénéficiaires des dépenses publiques sont des ingrats. Vilipendant l’avarice, certains ont de la veine qu’il ne soit plus conseiller des princes.
On y croise Colbert qui invente l’impôt sur le tabac, taxation qui fera ensuite un réel tabac pour amener une manne de recettes considérables aux finances publiques. On fait la connaissance de Vauban qui, en dehors des fortifications et de son art de la guerre, fut le premier théoricien de la fiscalité.
On s’attable avec Newton, dont la carrière et les domaines d’expertises furent aussi riches que les lois de gravitation dont il fut le découvreur. Il fut ruiné par la spéculation, ce qui tend à prouver que lorsqu’il reçut une pomme sur la tête, il en déduisit la loi qui régit l’attraction des objets et des planètes, mais ne connut par la suite que des pépins. J’imagine que pour la loi d’attraction entre les personnes, nous dûmes attendre Meetic !
Au fil de ma lecture et de l’exploration de la pensée économique, je ne peux m’empêcher de faire constamment des parallèles avec notre époque et avec l’actualité la plus chaude (même si les nouvelles sont fraîches !).
Je pense notamment au revirement de ce gouvernement qui vient soudainement de changer de discours, après avoir considérer les riches comme des pigeons à plumer, avoir matraqué de règles et d’impôts ceux qui entreprennent, après avoir vilipendé ceux qui créent et s’efforcent de ne pas sombrer dans l’assistanat ou de ne vivre qu’aux crochets d’un système confit d’aides et de subventions, d’allocations et de prébendes.
Je pense à tous ces comportements éminemment critiquables d’une gauche moralisatrice et prompte à donner des leçons de morale sans s’appliquer à elle-même les conseils qu’elle dispense à ses concitoyens. Notre Président Normal qui écorne les riches, ceux qui gagnent 4.000 euros par mois mais a vécu de longues années dans un très grand appartement payé par le parti socialiste dans le 7ème arrondissement de Paris. La gauche des beaux quartiers. Pas sûr que Jaurès, qui est appelé à la rescousse à la moindre incartade dénoncée par la presse, ait été un jour dans ce coin de Paris où on attrape davantage de médicaments que de maladies.
Je pense à Ségolène Royal, la bien-nommée qui a réinstauré l’usage des huissiers en son Ministère de l’Egologie, pour la devancer et l’annoncer, obligeant le personnel du Ministère à se lever à l’annonce de « Madame la Ministre » quand elle rentre dans une pièce. Cette affaire révélée récemment par les journalistes du Point, qui sont encore parmi les rares à faire leur métier d’investigation, en dit long sur la mentalité de la dame, comète politique malheureusement réincarnée par son Ex, nostalgique et biberonnée aux us et coutumes mitterrandiennes qui adorait le faste de la République et le protocole d’un autre âge. Les huissiers sont une mauvaise habitude du pharaon socialiste et un goût naturel de ceux qui se sont pris trop souvent la porte en pleine figure.
Je pense à Aquilino Morelle, le présomptueux conseiller de Monsieur Normal, Lui Président, qui vaporisait ses leçons de bien pensant dans les colonnes de Libération sous l’ère Sarkozy mais qui vient d’être débarqué après s’être pris les pieds dans le tapis d’un conflit d’intérêt pharmaceutique et après avoir été dénoncé parce qu’li s’appropriait un salon de l’Elysée pour convoquer un cireur de chaussures et se faire passer de la brosse à reluire avec la même exigence déplacée que d’autres politiques administre à foison le droit de cuissage sur leur personnel féminin.
Je pense à tous ces politiques qui vivent à côté de leurs pompes mais qui à force de vivre sous les lambris, confit de leur pouvoir et de leur suffisance, sont complètement dans le cirage et finiront à force d’abstentionnisme et d’extrême droite dans un enterrement politique en grande pompe. Chronique d’une mort politique annoncée, aurait titré le déjà regretté Gabriel Garcia Marquez, qui aurait pu tout aussi bien leur souhaiter, en tant que véritable homme de gauche… Cent ans de solitude !
Je pense à Cahuzac et à sa cohorte de petits Rastignac qui considèrent la République comme un champ d’enrichissement personnel, qui décrètent des lois d’un autre temps pour amnistier leur incompétence à gérer un pays moderne dans un monde désormais globalisé et instantané.
Je pense à DSK sur lequel je préfère ne pas m’étendre de peur qu’il ne me fasse subir les derniers outrages et de crainte de perdre mes reliquats de naïveté qui me font espérer que le pouvoir peut encore être confié, dans un futur proche, à des gens compétents qui n’en feront pas un métier à vie, une occasion de devenir des vendus après avoir tant loué les vertus du politique ou un prétexte de coucherie facile ou d’orgies lambrisées sous les ors de la raie publique.
Je découvre dans ma lecture sur la pensée économique une très belle citation dont je conseille la lecture ou la redécouverte à tous ceux qui s’essaient avec tant de maladresse ou de manque d’éthique à la chose publique :
« En France est marquis qui veut ; et quiconque qui arrive à Paris du fond de sa province avec de l’argent à dépenser, et un nom en « ac » ou en « ille », peut dire : un homme comme moi, un homme de ma qualité, et mépriser souverainement un négociant. Le négociant entend lui-même parler si souvent avec dédain de sa profession qu’il est assez sot pour en rougir. Je ne sais pourtant lequel est le plus utile à un Etat, ou un seigneur bien poudré qui sait précisément à quelle heure le roi se lève, à quelle heure il se couche, et qui se donne des airs de grandeur en jouant le rôle d’esclave dans l’antichambre d’un ministre, ou un négociant qui enrichit son pays, donne de son cabinet des ordres à Surate ou au Caire, et contribue au bonheur du monde. » Voltaire
Remplacez le négociant par l’entrepreneur, le noble par le politique ou par son cousin le haut fonctionnaire, et vous obtenez un portrait bien contemporain et toujours aussi acide de la France d’aujourd’hui.
Heureusement que dans tout cela, il y a des hommes cultivés et irréprochables, des anciens Ministre comme Frédéric Lefèvre, qui exerça une fonction dont plus personne ne se souvient, mais qui lui avait lu… Zadig & Voltaire ! Lui seul me comprendra ;-)