400 millions !
400 millions de SMS envoyés dans la nuit de la Saint Sylvestre, par les français !
Si l’on retire les enfants, les personnes trop âgées, les manchots (pas très habiles à se servir d’un clavier, qui plus est en Antartique), les technophobes, les rétifs au téléphone portable, ceux qui se méfient des ondes nocives de leur GSM, les malades et autres comateux, les SDF qui rêvent de coupe-files plutôt que de coups de fil, ceux qui n’ont pas payé leur forfait et autre niche dans le même genre, on doit bien obtenir un total d’une bonne quarantaine de millions de personnes.
Cela fait donc environ 40 millions de personnes qui ont envoyé une salve de textes tôt (à partir de 00h01, on peut dire que c’est tôt, non?) en direction de 400 millions d’acolytes et de proches à qui ils voulaient souhaiter une « bonne année 2011 ».
Bon! on pourrait en déduire (un peu vite, certes ! Mais simplifions le raisonnement pour la beauté du geste) que chaque français doté d’un téléphone portable et de bons sentiments, doublé par un besoin irrépressible de « tweeter » instantanément ses vœux, afin sans doute de démontrer, séance tenante, son amour ou son attachement, a expédié 10 SMS en moyenne.
Alors, je m’interroge, un être normalement constitué serait-il immanquablement relié à une dizaine de personnes ? A force de communiquer avec des téléphones sans fil, on va bien finir par perdre celui de la conversation, non ?
Qui sont ces 10 personnes qu’il faut absolument joindre dans les secondes qui s’écoulent après que le carillon ait annoncé la nouvelle année ? Sont-ce des proches, mais qui ne le sont visiblement pas assez parce qu’ils ne sont pas dans la même pièce que nous ? Les proches sont parfois si lointains, n’est-ce pas ? Ne dit-on pas que l’on compte ses amis sur les doigts d’une main ? 10 petits doigts !
10 petits doigts seulement. Et parfois, ils sont sacrément recroquevillés ces doigts ! Fermés solidement sur la paume comme un poing en pleine face à tous ceux qui aimeraient bien avoir des amis et l’occasion de leur manifester, plus souvent qu’une fois par an, leur sentiment, leur volonté ou leur amour. Je pense à ces 3 millions de français, qui vivent dans une telle solitude, qu’ils n’ont pas plus de deux conversations par an avec un autre être humain. Nous sommes en France. Au 21ème siècle. A l’ère de l’hyper communication. Ce chiffre consternant est tombé d’une étude réalisée en France cet automne et relayée dans les médias.
3 millions de français, qui doivent avoir pour la plupart un téléphone portable, mais qui ne savent pas à qui parler. Qui vivent dans un profond isolement, tels des îlots de solitude extrême au milieu d’un tsunami de SMS dégoulinants de vœux mirobolants.
Drôle de monde. N’est-ce pas ?... On a jamais autant communiqué et en même temps, les gens n’ont jamais été aussi seuls. Je parle du vrai sentiment de solitude, au final. De cette solitude qui reprend ses droits une fois que la frénésie communicative est retombée, après que ce soit évaporé le mirage des faux-amis et de la myriade de connexions via les réseaux sociaux Je parle de ce goût amer que l’on doit ressentir une fois que l’écran de l’ordinateur est éteint, que le téléphone ne sonne plus, qu’il n’y a pas de message sur la boîte vocale, et personne dans le canapé pour partager un verre ou une pensée.
Bon ! Vous allez penser que je démarre bien mal l’année, que je deviens bougon et acariâtre, ou que je vis moi-même dans une solitude extrême, ne trouvant comme seul passe-temps que le fait de me moquer publiquement de mes concitoyens. Tout va bien ! Enfin, en ce qui me concerne. Cela va même tellement bien que j’en aurais presque honte et que je ferais bien de me faire discret, selon le bon principe d’un ami juif : pour vivre heureux, vivons Cacher.
Alors, oui ! J’adresse à tous ceux que j’aime, à mes proches amis et à mes lointaines amours, à ce qu’il me reste de famille et à la terre entière, à mes potes oubliés qui truffent des sites tels que « Les Copains d’Avant » ainsi qu’à mes futurs camarades de jeu que je ne connais pas encore mais qui se cachent, parfois à leur propre insu, dans les recoins lumineux de ma vie à venir… Bon, évidemment, je rajoute à ma mailing-list de bons vœux tous mes amis et relations surnuméraires de Viadeo, de Linkedin, sans oublier le principal : Facebook. Enfin, tous ceux qui sont tombés dans les oubliettes de mon Outlook, qui ont changé 10 fois d’adresses mail et de numéro de portable, j’en profite pour vous inclure aussi dans cet exercice traditionnel de la Bonne Année.
Donc, je vous souhaite à tous, une superbe année 2011, pleine de bonheur, de santé, d’argent, d’amour, de SMS, de conversations, de réussite, d’échecs (enfin, pour ceux qui y jouent), de rire, de grasse matinée, de RTT, de moments de partage, de belles rencontres, de dîners endiablés, de fêtes mémorables, de voyages insensés, et beaucoup de paix intérieure.
Voilà ! C’est dit… Je vous fais un prix de gros. Je vous emballe le tout, et vous filez avec tout ça. Vous ferez le tri chez vous. Vous en revendrez la moitié sur Price Minister, ou en garderez quelques fragments dans un coffre à la banque, pour les jours de disette ou de grande solitude. C’est fait !!! Bonne année.
Ah ! C’est important les vœux. Hein ?
Les amis… ça n’a pas de prix.
« Les amis ça n’a pas de prix » ?!...
C’est drôle cette expression. Je connais déjà 3 millions de français qui vous démentiraient.
Évidemment que les amis ont un prix. Prenez Facebook !
Facebook qui a si bien vulgarisé le mot « ami ».
Facebook qui regroupe aujourd’hui environ 550 millions… d’amis.
Imaginez le nombre de SMS qu’on va pouvoir envoyer au prochain nouvel an…Génial !
Facebook qui a si bien galvaudé le joli concept de « les amis de mes amis sont mes amis » et qui démontre avec force cette idée du « qui se ressemble s’assemble ».
Alors que 1 français sur 5 a déjà fréquenté des sites de rencontres, nous sommes quasiment 20 millions d’amis sur Facebook.
Facebook dont la valorisation vient d’être estimée, fin décembre 2010 par le magazine Forbes, à 42,3 milliards de dollars !!
Alors, pour les manchots qui ne peuvent tapoter sur leur calculette et pour ceux qui n’auraient pas assez de ronds pour payer leur forfait téléphonique, et qui n’ont certainement jamais prononcé un tel chiffre (et ignorent comment cela s’écrit ;-), je vais faire le calcul. Mais comprenez que je ne le fais…que par amitié !
Cela fait au cours actuel du dollar, une petite entreprise d’amis qui ne connaît pas la crise de… 32,2 milliards d’Euros.
Si l’on considère les 550 millions d’amis, dont je fais partie, nous pouvons allègrement estimer que chaque ami Facebook (je précise, afin que ceux qui ne suivent pas, ne les confondent pas avec « les vrais amis », cette espèce en voie de disparition, protégée bientôt par le WWF, et largement menacée par le WWW… Vous me suivez ?;-).
Donc, je disais, chaque ami Facebook est valorisé : 32,2 milliards / 550 millions = 58,54 euros. Grosso modo : un ami Facebook vaut 59 euros.
Je vous laisse un instant !... Je reviens..
Wahou ! Je viens de foncer sur ma page Facebook. J’ai 465 amis !
A 59 euros l’ami, cela fait 27 435 euros d’amis pour ce début d’année.
Vous comprenez maintenant que l’amitié, sur Facebook comme dans la vie, c’est Capital.
Et je viens de comprendre, pourquoi il y a tant de bonheur grâce à Facebook.
Vous ne trouvez pas que tous les gens ont l’air heuros ?
C’est tellement capital l’amitié que je viens finalement d’en déduire les intérêts. Enfin, je veux dire les intérêts à envoyer plein de SMS pour entretenir l’amitié.
CQFD
Bon ! J’arrête. Et à tous ceux qui sont encore en train de lire et qui ne sont pas encore allé calculer leur capital sur Facebook, je voudrais livrer quelques bons mots pour vous accompagner pour cette nouvelle année, en vous sommant de garder votre humour, le recul et une certaine dose d’auto-dérision salvatrice afin d’arriver à bon port.
J’aime cette phrase de Jules Renard, dans son journal :
« Tenez, dit l'avare: voici un calendrier neuf, et qu'il vous fasse toute l'année! »
Ce à quoi Alphonse Allais aurait pu répondre : «
« Je ne prendrai pas de calendrier cette année, car j'ai été très mécontent de celui de l'année dernière! »
Alors ! Quelle que soit l’usage que vous ferez de ce calendrier cette année, et au delà de la façon dont vous dépenserez vos jours, je ne peux que conclure, avec toute mon humilité et ma sincère amitié, par cette jolie feuille de route que constitue cette citation de Ralph Waldo Emerson : «
« Accroche ton chariot à une étoile ! »
Bonne route ! Bonne chance ! et…. Bonne année ;-)