Je viens d’ajouter un nouvel album qui regroupe et donne à voir un florilège de photos illustrant l’imagination et la poésie de certains artistes de cette jolie forme d’art que l’on appelle : le Street Art.
Un clin d’œil et un hommage personnel à ces créateurs du quotidien qui nous obligent à porter, avec bonheur et humour, un regard différent mais trop rare sur notre environnement urbain.
Leur terrain de jeu est notre vie de bitume. Ils lancent des idées en travers de nos pas pressés, dessinent des abîmes sur les trottoirs pour faire dévier ou arrêter les passants (pour les plus éveillés), ré-inventent notre mobilier urbain en y apposant des formes et des couleurs qui nous projettent soudainement, un tout autre point de vue sur la ville.
Certains peuplent nos cités de mini-personnages pleins d’humour ou de tendresse, qui ne manquent pas de nous rappeler la vanité d’une grande partie de nos préoccupations humaines ou de l’insolence de nous croire les seuls maîtres du monde.
Et si justement la ville appartenait à ces petits personnages, sorte d’esprits mutins qui se joueraient de notre présence survoltée… Et si la nature et le béton étaient habités par des personnages invisibles qui mèneraient leur vie parallèle, supportant avec une douce ironie les humains aveugles et leur embouteillages ridicules ?
Cela donnerait une ville plus vivante, plus surprenante.
Les murs auraient de vraies oreilles. Ils se pencheraient, de temps à autre, vers les arbres du boulevard, qui sont un peu durs de la feuille, pour leur murmurer les dernières indiscrétions de leurs habitants.
Le Métro avalerait, comme chaque matin, avec ses bouches innombrables, des milliers de parisiens endormis pour les recracher à l’autre bout de la ville et les parquer sagement durant 8 heures, avec la complicité de ses cousins ascenseurs et escaliers roulants, dans des open-spaces climatisés, où les humains serviles gagneraient à la sueur de leur clavier à peine de quoi décorer leur deux pièces et payer les impôts qui servent à satisfaire l’aménagement de la ville champignon, à entretenir en nouveaux équipements la ville organique.
Peu de gens savent que les feux de circulation
sont animés par des petits personnages invisibles qui sont assis à califourchon
sur chaque feu, et se fontt des signes pour synchroniser le vert et le rouge,
afin que chacun n’y voit que du feu…ou des feux. Un clignotant orange à chaque
feu d’un carrefour, n’est-ce pas la preuve que les petits agents translucides
sont allés boire une bière ou ont pris quelques heures de RTT, laissant les
automobilistes gérer eux-mêmes le sens de leur priorité, sur le vaste espace de
possibilité qui s’étend de l’infime courtoisie à la goujaterie égoïste en
passant par toutes les nuances du vocabulaire ordurier…
Plus j’y réfléchis, plus je n’imagine guère d’autre explication plausible que l’existence d’un peuple de l’ombre, comme en témoignent certaines photos que j’ai publiées.
J’habite une rue paisible du XVIIème arrondissement de Paris. Et bien, force est de constater que cette rue est l’une des plus sales de Paris, malgré le passage régulier des petits bonhommes verts de la voirie. Ils ont beau passer chaque jour avec leur camion-lance, leur voiturette-balayeuse, leurs videurs de sac-poubelles, leur balayeurs de caniveau pour retirer les traces de l’armée rebelle des distributeurs de prospectus, englueurs de boîte-aux-lettres et autres spameurs de pare-brises. Rien n’y fait ! La rue demeure jonchée de papiers glacés, de propagande marchande rédigée par des publicitaires givrés qui me laissent de glace, à l’exception de la colère qui monte parfois, dès que je sors de chez moi, ayant l’impression de vivre en plein Bénarès ou dans les faubourgs de Kinshasa !
N’est-ce pas la preuve que des êtres plus malins que nous, vivants dans les égouts, surgissant des canalisations du caniveau, dissimulés derrière des soupiraux de nos caves et sous-sols, récupère tous ces détritus, immondices, et déchets pour nous les renvoyer en surface, comme pour mieux nous démontrer, qu’ils ne sont guère emballés de vivre au dessous de ces voisins humains, sales, bruyants, irresponsables, qui font si peu de cas du recyclage de leurs emballages surnuméraire. À chacun chez soi, nous disent les petits personnages. Il faut de tout pour faire un monde, surtout lorsqu’il s’agit d’égout et de couleurs…
NOTA : Toutes ces photos sont accessible dans l’album du blog mais également (et surtout) en tapant « Street Art » ou « Art Urbain » sur Google.
La photo de
l’escargot est tirée d’un très beau projet : http://little-people.blogspot.com/
Les petits
personnages sont créés par un artiste
appelé “Chewie” ! Des petits personnages “The
Skelewags”, voir le site "The
Skelewags"