Voici un petit texte, écrit la gorge serré et jeté en travers de l'océan du Web, pour accompagner tous ceux qui ont eu la chance, comme moi, de le connaître ou de l'approcher, avec amitiés et affection. Un court texte qui me sort des doigts pour conjurer cette disparition, dans ces moments durs que nous réserve parfois la vie, en nous ôtant un être cher, un ami, parti à un âge où tout reste à faire, où finalement tout devient possible. Il avait 51 ans.
J'espère que le film de Christian en fera la lumineuse démonstration. J'espère que le grand public découvrira et comprendra que Christian était un homme à connaître, tissé de courage et de lucidité, ayant encore tant de choses à dire, et sans doute à prouver, pour que notre monde puisse vaciller vers de meilleurs horizons.
Je n'avais croisé Christian que quelques fois grâce à Alain Mingam, et en compagnie de Carole Solive. Trop rapidement, trop professionnellement, s'il n'y avait pas eu la complicité d'une bonne bouteille de vin pour rétablir la vraie nature de la rencontre, et vivre les minutes de nos paroles échangées avec un surcroît d'enthousiasme et d'intensité.
Il m'avait donner la force, en quelques minutes d'entretiens sur son projet et les difficultés à le promouvoir, de continuer vodeo et de me battre encore plus pour tous ces réalisateurs qui marchent, filment, photographient les aspects les plus écharpés de notre planète. Il avait de l'énergie à revendre.
On devrait sans doute connaître la fin des gens, les circonstances de leur mort inéluctable, l'heure du grand voyage, pour se dire davantage de choses quand ils sont encore en face de nous, pour reprendre une seconde bouteille à la fin d'un déjeuner, pour retenir le temps et profiter de l'autre encore un peu. On devrait savoir la fin de l'histoire, afin de savoir qu'il faut passer davantage de temps avec eux, et qu'en dépit de leurs habits rutilants de super héros, ils ne sont qu'humains, qu'éphémères et fragiles. Même quand ils se cachent sous les traits rassurants d'un grand gaillard, photographe-cinéaste buriné avec des airs de camionneurs et des paluches à la Lino Ventura.
J'espère que Christian sera aux premières loges, quelque part dans le noir des salles obscures, pour voir le succès de son film. Comme on fait une minute de silence en l'hommage de quelqu'un d'incontournable, j'aime l'idée que chaque cinéma, dans chaque salle où son film sera projeté, ait la délicatesse de réserver un fauteuil vide, afin qu'il puisse revenir, descendre, se glisser au milieu des spectateurs pour voir l'impact de son oeuvre.
La vie est folle. Elle nous le rappelle une fois de plus.
Mais ce matin je sais que... tambien, la muerta es loca! Puta madre!!!!
J'adresse à ses proches, du fond de l'amitié, toute mon affection.
PS: j'espère que nous aurons l'occasion de repartager prochainement, à l'occasion de la sortie du film, avec quelques amis, une ou deux bouteilles de vin à sa mémoire. Nous mettrons un verre pour lui sur la table. Et qui sait! A bien y regarder, il risque d'être vide à la fin du repas, évaporé sans qu'on s'en soit aperçu. La part des anges. La part de Christian.
Salut Christian! Rendez-vous le 30. Sans faute!