Tous ces problèmes au Tibet sont pour moi...du chinois!
Ce samedi après-midi, alors que je passais avenue de la République, à Paris, je fus bloqué par une manifestation. Un groupuscule de quelques centaines de chinois « parisiens » s’était réuni, ce qui à l’aune de la population de ce pays surnuméraire ne représente pas grand-chose, vous en conviendrez ! Mais cette réunion de rue fut suffisante pour désorganiser la circulation du centre de la capitale et ce qui est plus grave : momentanément le trajet de mes intentions rectilignes et me mettre ainsi de mauvais poil.
Une nuée d’irréductibles et courageux chinois de la Capitale (car il est plus facile et confortable d’être Chinois à Paris qu’à Beijing, un peu comme être résistant à Londres en 1940 plutôt que dans un Paris occupé – Peut-être que vous n’en conviendrez pas, mais j’ai la faiblesse de le penser ;-), bref, une meute principalement composée de jeunes chinois, enthousiasme et volontiers partageurs de leur tracts pro-chinois, haranguait les parisiens, tout occupés à leur consumérisme lénifiant. Ils avaient l’intention de nous convaincre du bien fondé de la politique chinoise, nous expliquer que l’invasion du Tibet a sauvé les pauvres tibétains d’un égarement idéologique et leur a fait retrouver des valeurs démocratiques plus saines et propices à l’épanouissement d’un capitalisme d’état centralisé, dont seuls les chinois ont le secret.
Je dois avouer avoir été surpris par certains slogans et l’angélisme de ces jeunes manifestants. Ils avaient notamment affiché sur un grand panneau blanc décomposé en deux parties ce qu’ils pensaient être une démonstration implacable de la bonté communiste. Sur la partie gauche, le Tibet d’avant 1950 avec plein de photos d’exécution, de gens pendus sur des places publiques et des mendiants faisant la quête au coin des rues (ce qui, sur ce dernier point n’est guère original, un peu comme dans le Paris d’après 2007 !).
Sur la partie droite, un Tibet pacifié, des gens sur des marchés regorgeant de nourriture (comme Haïti d’avant…trop longtemps !), des bonzes en train de sourire et de prier (certainement pour le salut de l’âme de centaines de millions de Chinois du centre et de l’ouest – enfin pas ceux de Paris quand même, pour que les autorités autocratiques (un jour je remplacerai peut-être le « a » de ce dernier mot par un « i ». Chacun a le droit à sa Glasnost après tout, fut-elle tardive! Inch’Allah !...).
Bref, c’est tout de même triste de constater à quel point les jeunes chinois parisiens souffrent d’une désinformation sur l’histoire des relations entre leur pays et ce pays montagnard qui ne demandait finalement qu’à se laisser envahir (après tout, le Dalaï Lama n’avait qu’à opter aussi pour la dissuasion nucléaire et se doter, comme nous autres français, de sous-marins comme le Terrible, si cher à notre grand Timonier à nous ! non, mais !). Ha ! cette désinformation des chinois à Paris !! Mais que font nos médias ! Voilà encore la preuve des dégâts qu’engendre la crise de la Presse sur la conscience faiblement éclairée de certains de nos con-citoyens (je sais !, il n’y a pas de Tiret. Mais j’y tiens pour le sens du mot et pour militer contre l’invasion du Tiret par les chinois !!).
D’où vient cette sournoise désinformation ? Du fait qu’on passe d’une époque où on lisait des journaux qui s’appelaient « Le Monde » et « Libération » (tout un programme) à des concrétions colorisées de dépêches AFP lues par des masse empressées qui s’intitulent « Metro » en « 20 minutes ». Vite, des dépêches pour glisser sur les nouvelles fraîches d’un monde en Zapping !! Heureusement, qu’il nous reste les étudiants Chinois de Paris pour empêcher les vrais problèmes du Monde…
Je pris de la distance en prenant mon mal en patience sous l’œil vigilant d’un CRS qui en avait vu d’autres et dont tout ce rouge et ces drapeaux du petit peuple jaune devait lui rappeler les meilleures heures de la CGT. La place de la République, en ce début d’après-midi, était devenue une mini Tian’Anmen, la place de la République…Populaire de Chine (enfin, pas très populaire au Tibet, j’en conviens).
À dénombrer les manifestations pro-tibétaines de part le monde ces jours-ci et la vigueur des empêcheurs de brûler en rond, je conseille aux Chinois de supprimer le mot « Populaire » de la véritable appellation de leur pays. « République de Chine » suffirait amplement et ressemblerait moins à de la publicité mensongère. Laissons cela aux manifestants nantis de notre place de la République.
Je connaissais un américain à Paris, mais pas les Chinois parisiens ! Désormais, les seuls chinois que j’accepterai de fréquenter seront ceux que l’on croise dans une cuisine bien équipée, et ceux qui, rebelles et finement tamisés, retiennent le salmigondis de propagande qui dégouline jusqu’aux artères de nos capitales occidentales.
Commentaires