A quelques jours de distances, deux hommes libres et magnifiques viennent de disparaître: l'Abbé Pierre et Jean-François Deniau. On reconnaît les Grands hommes, un peu comme le bonheur: au bruit qu'ils font quand ils s'en vont et au silence immense qu'ils laissent au beau milieu de nos âmes endeuillés, déboussolés par cette simplicité à vivre debout qu'ils nous enseignèrent, plantés sur leur deux pieds face aux bourrasques de l'égoïsme humain, lumineux, tels des phares, dans la grisaille de la banalité quotidienne. Deux hommes riches en eux-mêmes, conscients des combats acharnés qu'ils faut savoir relever, louant Dieu pour pouvoir mieux se donner aux autres, alors que tant de nos semblables se contentent avec facilité d'être...des vendus.
Alors, au beau milieu de la rage de ne pas les avoir connu, d'avoir glissé trop vite sur leur mots et leurs actes, il faut s'arrêter, apprendre, écouter le souffle qu'ils laissent dans le creux de leur exemple immense, monuments de tolérance, d'ouverture et de dialogue, symboles de détermination et d'abnégation dans un monde où, contrairement aux financiers de tous bords, le désintérêt devient Capital. Je pense à cette phrase de Joë Bousquet: "Si tu n'es pas ce qui leur manque, tu n'es rien!"...
Et bien Messieurs, vous nous manquerez sacrément !!
Nous resterons là, à contempler et à méditer l'oeuvre que vous avez su sculpter en vous-mêmes, afin d'en tirer quelques fragments de vie et un surcroît de bonté pour notre chemin futur. Merci d'avoir exister, en toute simplicité.
Dieu, que vous faîtes du bruit ce soir en vous retirant sur la pointe des pieds. Alors, nous demeurons seuls, sur le bord de nous-mêmes, face à l'absurdité du Monde à venir, avec une seule question au bord des yeux: qui, de nous tous, est déjà en marche pour vous remplacer ?
Telle est la question à laquelle on se doit de répondre.
Bon vent L'Abbé ! Adieu l'Ami !