Voici une interview que j'ai réalisée pour le compte de ZDNet (24 juin 2005) et que je porte à la connaissance de tous ceux qui s'intéressent à la VOD, au Long Tail, à la Banque audiovisuelle ou à l'accès à des programmes télévisés trop vite disparus après leur diffusion télé.
Frédéric Pie, Vodeo.tv: «Nous voulons donner une seconde vie aux reportages»
Par Estelle Dumout
ZDNet France
Vendredi 24 juin 2005
Business - Télécharger des documentaires ou des reportages déjà diffusés en télé, c'est le service que proposera Vodeo.tv à la rentrée. Fréderic Pie, son concepteur, explique sa stratégie pour se faire une place sur le marché émergent de la vidéo à la demande.

Toute jeune société créée en 2004, la Banque audiovisuelle parie sur le développement des services de vidéo à la demande pour lancer Vodeo.tv, un site de distribution en ligne de reportages et de documentaires. Elle dispose déjà d'un fonds de plusieurs milliers de programmes acquis auprès des producteurs, et s'emploie à convaincre les grands portails d'héberger sa plate-forme.
La Banque audiovisuelle vient de lever 2,5 millions d'euros, pour assurer le lancement de sa plate-forme d'ici à la rentrée, et fait travailler une vingtaine de personnes, issues pour moitié du monde de l'audiovisuel et pour moitié de l'internet..
Frédéric Pie, son fondateur et président, décrit pour ZDNet.fr son projet pour amener les internautes à télécharger des reportages ou documentaires. Et surtout sa stratégie pour bâtir autour de cette activité un véritable modèle économique.
ZDNet.fr: Comment vous est venue l'idée d'un tel projet?
Frédéric Pie: La Banque audiovisuelle est née il y a un an, d'un constat simple: il y a une anomalie à l'heure des nouvelles technologies. La télévision coule comme un robinet et si on n'arrive pas au bon moment pour regarder un programme, il est quasiment impossible de le revoir. De même, très peu de reportages ou de documentaires sont édités en DVD, il y a là une déperdition de contenu et de valeur incommensurable. Nous nous intéressons en priorité aux reportages, aux talk-shows, aux documents qui apportent de l'information, par opposition aux programmes de divertissement, comme les films, les séries télévisées ou les jeux.
Nous avons rencontré plus de 260 producteurs depuis janvier 2004, qui ont des catalogues majoritairement composés de programmes dont les sujets conservent un intérêt éditorial largement au-delà de leur première (ou unique) diffusion télé. Nous voulons faire en sorte qu'un reportage ait une seconde vie. Car quand un producteur parvient à exploiter environ 5% à 10% de son catalogue après première diffusion, il peut s'estimer heureux.
Par ailleurs, on va de plus en plus vers un monde à la demande. On est habitué à aller à la Fnac pour acheter un livre sur Churchill, sur les États-Unis ou sur la photo d'art, pourquoi ne pourrait-on pas en faire autant avec un documentaire? À titre d'exemple, il se vend 910 millions de magazines spécialisés en France chaque année dans les kiosques, uniquement sur des contenus de niche comme la pêche, l'automobile ou la peinture contemporaine. L'idée est justement de proposer à ces millions de passionnés l'accès à des programmes audiovisuels sur leur centre d'intérêt. Avant ils devaient «lire pour savoir», maintenant ils pourront «voir ce qu'ils veulent savoir»...