L’avènement du numérique et la multiplication des outils de consultation (nouveaux réseaux, nouveaux écrans) engendrent de nouveaux comportements de la part des consommateurs qui bouleversent les modes de distributions classiques et, par là même, les modèles économiques traditionnels.
L’explosion du nombre de téléchargements dans le secteur musical, l’expérience réussie de iTunes d’Apple (75 millions de téléchargements payants en 12 mois) et les licenciements en série des Majors du disque illustrent ce qu’il faut bien appeler la révolution de la distribution numérique.
Le monde du cinéma est touché, à son tour, par le phénomène du téléchargement et de la distribution de programmes en ligne. Nous sommes à l’aube d’une mutation en profondeur de ces secteurs qui va fortement modifier les chaînes de valeur des industries culturelles et de divertissement, engendrant de nouvelles opportunités de marché et l’arrivée de nouveaux acteurs, plus agiles et moins encombrés par les contraintes du passé.
Dans le secteur audiovisuel, l’avènement du numérique, le développement de la Haute Définition, la convergence des écrans, la forte croissance des technologies haut débit et l’arrivée de la TNT sont autant de facteurs qui vont façonner dans les 5 à 10 prochaines années un paysage radicalement différent. Tous les experts s’accordent sur le fait que la multiplication des écrans, des réseaux et des
chaînes de diffusion va accroître considérablement le besoin d’images et de contenus. Nous allons également vers une fragmentation des offres, un émiettement des audiences et par conséquent, un émiettement des financements.
Tout l’écosystème audiovisuel actuel est menacé. Il faut inventer de nouveaux modèles économiques permettant de répondre à des publics de plus en plus exigeants (qualité, personnalisation, sujets de niche, accès aux archives, satisfaction des demandes en temps réel, ubiquité, mobilité, interactivité..).
La VOD (Video On Demand) est une nouvelle forme de distribution particulièrement adaptée aux contenus culturels, hyper-segmentés et répondant à des clientèles très spécialisées et fragmentées.
Aux Etats-Unis, 9,5 millions d'abonnés aux câbles utilisent la VOD. Et sur les 3,5 millions d'abonnés aux services de télévision par satellite et possesseurs de PVR (« Personal Video Recorder - enregistreurs vidéo à disque dur), déjà 22 % avouent ne plus regarder la télévision en direct, mais organiser eux-mêmes leur consommation en choisissant leurs programmes et l'heure de visionnage, selon une étude publiée par NPA Conseil baptisée « VOD et PVR, nouveaux services, nouveaux enjeux de la télévision personnelle ».
Le véritable démarrage de la VOD devrait s'effectuer en France vers 2007, date à laquelle NPA prévoit que le taux de pénétration des PVR devrait atteindre le seuil critique de 15 % du parc installé de décodeurs (soit 1,5 million de foyers équipés). La consommation de programmes à la demande pourrait alors générer entre 160 et 170 millions d'euros de chiffre d'affaires, soit l'équivalent d'une année de recettes publicitaires des chaînes thématiques.
Il est important de comprendre que le projet de la Banque Audiovisuelle n’est pas limité à la création d’une plate-forme de distribution en VOD au travers d’un simple site internet. L’évolution des contextes juridiques et technologiques permet l’ouverture de nouveaux marchés et la création d’une véritable industrie du contenu culturel. Il s’agit de rendre accessible au grand public et aux professionnels un vaste pan de contenus qui lui était jusqu’alors inaccessible, parce que très difficile à distribuer dans les circuits traditionnels. Jusqu’à présent, le modèle économique des chaînes de télévision ou la vente de DVD en grande distribution obligeaient à vendre peu de produits (ou programmes) à beaucoup d’exemplaires (peu de place sur les rayons ou une seule lucarne de diffusion).
Aujourd’hui, l’automatisation des processus de distribution appuyé par une agrégation massive de contenus diversifiés et dispersés permet d’envisager une rentabilité à moyen terme en commercialisant une multitude de produits en très petites séries à des publics hétérogènes et spécialisés.
Telle est la vocation de La Banque Audiovisuelle.
Cette tribune a été rédigée en juin 2004 et se trouve paticulièrement confortée par un grand aticle intitulé "The long Tail" publié dans Wired USA en octobre, dont on trouvera la copie sur mon blog. Je vous recommande fortement sa lecture, éclairante et vivifiante pour les possesseurs de contenus...
LBA
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75010 Paris
01 42 60 20 40
Le livre accompagne la musique et la video dans la même démarche. Le livre souffre lui aussi de la tyrannie du best-seller, du winner take all, c'est-à-dire d'une forme de rationnement paradoxale dans une économie dite d'opulence. Pour y remédier, nous avons lancé il y a trois ans Cyberlibris dont l'esprit pour autant que je puisse en juger semble très proche de la BDA. L'expérience est passionnante! Si vous avez deux minutes, on en parle.
Rédigé par : Eric | 29/11/2004 à 17:57
Comme toujours, va se poser la question des droits.
L'idee d'offrir en decalage, et sur catalogue, la production televisuelle est evidemment bonne. Si Michael Moore n'avait pas reussi a imposer une diffusion cinema il serait a peu pres impossible de voir "legalement" ses documentaires (je donne cet exemple parcequ'il s'agit a mon avis du plus parlant, sans juger du contenu de ses oeuvres).
Il est aujourd'hui possible de trouver ce qui passe en TV (un plugin RSS pour le client BitTorrent Azureus le fait tres bien). Mais c'est illegal.
Si, depuis la France je veux telecharger un documentaire diffusé sur une chaine allemande et produit par un network anglais comment gererez-vous les droits d'auteur ?
Rédigé par : Frederic Dumeny | 29/11/2004 à 09:21